
France 24, 17 octobre 2020
Dans la course à la Maison Blanche, le gaz de schiste et la Pennsylvanie sont presque devenus synonymes. Pourtant, dans l’un des comtés de l’État produisant le plus de gaz, la relation des habitants avec cette industrie est bien plus complexe que prévu. Reportage.
La famille de Rose Friend, 83 ans, a une longue histoire avec le gaz naturel. Pendant plusieurs décennies, la maison familiale, dans le comté rural de Washington, dans le sud-ouest de la Pennsylvanie, a profité d’un accès gratuit au gaz à partir d’un puits conventionnel, une compensation pour les canalisations qui traversent la propriété. Cet arrangement illustre la longue relation entre la région et les énergies fossiles. Avec le charbon, qui faisait tourner les fameuses usines d’acier locales, la production de gaz et de pétrole en Pennsylvanie remonte au XIXe siècle.
Pour Rose Friend, qui a grandi en labourant la terre à l’aide de chevaux et dont le neveu travaillait dans les mines de charbon, les bénéfices de ces réserves d’énergie abondantes étaient évidents. Puis, à partir du milieu des années 2000, un nouvel acteur a fait son apparition : une entreprise dénommée Atlas America, qui cherchait à capitaliser sur une industrie naissante et lucrative, la fracturation hydraulique, couramment appelée “fracking”.
Cette technique consiste à fracturer des couches profondes de roche de schiste à l’aide d’eau et d’un cocktail de produits chimiques injectés à haute pression afin d’en extraire du pétrole et du gaz. Atlas America fut l’un des premiers à participer à cette résurgence du secteur des énergies fossiles. En 2007, au moment où Rose Friend a signé un contrat avec cette société, Atlas America cherchait, comme beaucoup d’autres, à exploiter le schiste de Marcellus, une large formation rocheuse riche en gaz sur laquelle est posée sa maison.